La réalité de la prostitution aujourd’hui est loin du glamour de l’escorting dans les hôtels luxueux, ou les jeunes femmes prostituées choisissent leur client.
Il n’est pas nié qu’une part de la prostitution puisse être choisie. Face à cela il est important de se rendre compte que 85% des personnes prostituées aujourd’hui en France sont victimes de la traite des femmes et des hommes.
La prostitution a un fort lien avec la précarité et l’immigration.
Je le constate bien au quotidien, auprès d’un public de jeunes de 16 à 25 ans, sans emploi. Après 3 ans d’expérience de terrain auprès de jeunes femmes en fragilité sociale et dans la précarité, je peux annoncer que 15% d’entre elles ont connu ou connaissent la prostitution. Cette prostitution est une nécessité pour survivre au quotidien ou pour répondre à de fortes pressions.
Quatre situations prostitutionnelles ont été mises en lumière :
Se prostituer pour survivre au quotidien ;
Se prostituer pour être hebergé-e (le réseau est mis en place par la logeuse, la tante ou la mère) ;
Se prostituer pour aider sa famille dans une grande précarité ;
Et la prostitution cachée : se prostituer en échange de cadeaux et/ou de services.
Après avoir réfléchi ensemble sur la prostitution, un dernier point sera soulevé dans cet article : « les hommes ont plus besoin de sexualité que les femmes ». Arrêtons avec ces préjugés !
Tout d’abord la sexualité n’est pas un besoin. Manger, boire et dormir en sont, l’arrêt d’une de ces composantes entraîne la mort. L’arrêt de la sexualité peut engendrer un mal être, mais ne tue pas.
Les hommes n’ont pas plus envie de sexualité que les femmes. Cette idée est largement entretenue par la société : les hommes se doivent d’être forts, conquérants (pénétrants!), courageux… Les filles passives, sages et surtout patientes ! Ce sont bien entendu des stéréotypes de genre, mais ils s’observent tout de même très largement dans notre société (choix des jouets, choix des filières scolaires, rôles de chacun-e dans le couple et dans la sexualité…).
Ces stéréotypes de performance et de patience tiennent donc des idées véhiculées par notre société et entretiennent la domination masculine. Rendons nous compte que ces comportements attendus des femmes et des hommes relèvent d’un construit social. La preuve en est que les animaux ne connaissent pas la domination masculine: pas de viols, pas de violences entre mâles et femelles et les femelles donnent leur disponibilité sexuelle. Il est également à noter que certaines sociétés humaines fonctionnent avec des schémas inverses aux nôtres (les femmes chassent et les hommes s’occupent du foyer)[1].
La lutte contre le système prostitueur permet d’affirmer une sexualité égalitaire entre les femmes et les hommes. Rappelons que la sexualité s’apprend par des mécanismes de maturation et d’apprentissage. En effet, les animaux apprennent la sexualité notamment en s’observant. Les humains font de même en observant… les animaux, les films, par les lectures… et en visualisant ces images parfois non égalitaires…
[1] M. MEAD, « Mœurs et sexualité en Océanie ». réed 1963.
illustration 1 : www.nytimes.com
illustration 2 : www.blagounettes.fr
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